Développer l’empathie de mes enfants

« Grande Chérie, est-ce que ça se passe bien en ce moment avec les copines à l’école ? »

Nous sommes en voiture, je l’emmène à son cours de danse, un soir de semaine. Des mamans m’ont rapporté qu'il y aurait des disputes assez violentes dans la cour de récré en ce moment. Grande Chérie n’est pas trop causante et je ressens son malaise. Elle m'indique qu'une copine lui "vole toujours ses amies".

"- Ah ça doit te faire de la peine" lui dis-je.

- « oui, ça me rend triste

- et quand elle fait ça, que fais-tu?

- je m'en vais

- ah bon?? T'es sûre de ça ??! (Je le pense très fort mais ne le dis pas) Tu pourrais peut être lui dire que quand elle fait ça, ça te rend triste. Et toi, est-ce que tu fais pareil? Est-ce que parfois tu la rejettes avec tes copines? »

Bien sûr elle me répond que non. Je poursuis l'approche "empathie": « parce que, imagine, si elle se retrouvait seule pour jouer, que ressentirait-elle?

- bah elle serait triste ».

On a continué cette discussion une dizaine de minutes sur les ressentis de ses amies... Nos échanges étaient très calmes, on était toutes les 2 dans l'écoute même si je sentais qu'elle n'avait pas forcément envie de se livrer.

Élever mes enfants dans l'empathie. C'est une évidence car je pense qu’on en manque cruellement dans notre quotidien (au bureau, dans les transports en commun, à l’école etc.). La bienveillance c’est mon outil contre la violence ordinaire (et extraordinaire). Se mettre à la place de l’autre, se demander ce que l’autre ressent dans telle ou telle situation. C’est ce que je veux transmettre à mes enfants.

La violence à laquelle nous avons été confrontés le mois dernier m’a incitée à acheter des livres sur des personnages inspirants de l’Histoire. Je suis tombée par hasard sur une collection anglophone de livres pour enfants qui racontent la vie de personnages célèbres avec des mots simples en une centaine de pages. Bon, ça me demande un peu de concentration car cette collection n’a pas été traduite donc je lis quelques pages aux filles tous les soirs en traduisant instantanément. On a commencé par Martin Luther King. La ségrégation, les manifestations non violentes. J’ai aimé la réaction de Grande Chérie quand j’ai lu comment s’organisait la ségrégation raciale « Quouâ ?? » « Les Noirs ne pouvaient pas s’assoir à l’avant du bus ??? !!! Non mais n’importe quoi ! ».

Les filles ont adoré ce livre, même Petite Chérie qui n’a que 4 ans ½ « Maman, même si je m’endors tu continues de lire, d’accord ? ».

Alors, on poursuit avec Rosa Parks, puis après on aura Gandhi, Malala Yousafzai et Nelson Mandela. Se poser des questions, comment réagir face à l’Autre, que faire face à la violence… On en a des sujets de discussion.

Hier Grande Chérie est rentrée de l’école avec son livret d’évaluation. Outre le fait qu’elle est félicitée par ses maîtresses pour son « très bon 1er trimestre », il y est écrit qu’elle est « très sympathique ». C’est peut-être ce qui m’a rendu le plus fière. Mon enfant est « très sympathique ». C’est un bon début.